Notre histoire

Suite à une conférence donnée en 1959 à Porrentruy (JU) par l’abbé Pierre, quelques personnes touchées par son message débutent en 1960 à Alle et à Porrentruy des actions pour récolter des fonds en faveur des lépreux et pour soutenir des actions au Biafra et au Rwanda. Malheureusement, ces initiatives feront long feu.

1963, Emmaüs démarre ses activités à Boncourt. Une équipe de jeunes bénévoles menée par Cécile Wicht, Jacqueline Schaffter et Marie-Hélène Waser se met au travail et entreprend la récupération de vêtements et de chaussures. L’argent de la collecte du papier permet à Emmaüs Jura de répondre aux appels émanant de plusieurs villages, de la part de familles en difficulté.

Les ramassages toujours plus importants nécessitent de trop nombreux transports avec des véhicules privés. La hausse constante du prix du papier nous incite à en récupérer un maximum.

1973, nous achetons notre premier bus. Grâce à ce véhicule, nous pouvons également entreprendre la collecte et la vente du verre.

Dès le début, un problème se pose : l’entreposage. Chaque semaine, chaque jour même, du papier, des chiffons, du verre, des vêtements, des chaussures, de la vaisselle arrivent, de quoi envahir rapidement notre petit local. Malgré les nombreuses soirées de triage, la marchandise s’entasse. La place manque. Il n’est plus possible de continuer ainsi car il s’agit de donner suite simultanément aux demandes d’aide sociale et de satisfaire tous les donateurs.

1976, une permanence devient indispensable. Vivianne Freléchoux qui fonctionne comme bénévole depuis plus de 10 années, quitte son travail et devient la première personne salariée à plein temps.

La même année, une entreprise de Porrentruy met gracieusement à disposition d’Emmaüs-Jura une ancienne maison  située à la route de France 36 à Boncourt. Cinq chambres au rez-de-chaussée, six au premier, et un galetas. Commencent alors les grands nettoyages suivis d’un agencement sommaire des chambres.

1977, Emmaüs ouvre son bric-à-brac en octobre. Le magasin se trouvant à quelques pas de la frontière, clients suisses et français se côtoient. Les acheteurs affluent et la responsable est vite submergée. Des clientes offrent spontanément leurs services et deviennent les premières bénévoles. Les objets récupérés sont utilisés au mieux. Le tri des vêtements est minutieux. Certains peuvent être portés directement, d’autres doivent être lavés, repassés, raccommodés. Grâce à l’aide de dames qui se chargent de ces travaux, rien n’est perdu.

1979, coup dure ! Le bâtiment que nous occupons est à vendre. Nous n’avons pas d’autre alternative que d’acheter l’immeuble ou déménager.

C’est alors que, de Boncourt à Bienne, et pour la première fois, Emmaüs-Jura lance une action appelée « briques » et envoie 55 000 imprimés à tous les ménages. Le bon résultat de cet appel et l’aide d’autres groupements nous permettent d’acquérir cette maison et d’y faire quelques réparations.

Emmaüs-Jura peu ainsi poursuivre ses activités plus sereinement. Le bric-à-brac est ouvert le mardi de 14 heures à 19 heures et le vendredi de 14 heures à 20 heures. Pour compléter les ramassages qui se font dans la région, et compte tenu des bonnes relations que nous entretenons avec Susanne Jubin, responsable d’Emmaüs Berne, nous nous rendons régulièrement dans leur centre pour chercher leur surplus de meubles, bibelots, vêtements, etc. Aujourd’hui, en 2013, cette collaboration continue.

Les ramassages se multiplient et le succès du bric-à-brac va grandissant. La proximité de la France n’y est pas étrangère, au contraire ! 80% des acheteurs sont français. La tâche n’est pas toujours aisée, les locaux de vente étant répartis sur deux étages dans des pièces de 12 à 16 m2.

Quelques années après son achat, notre bâtiment n’arrive plus à absorber tout ce que l’on récupère. Nous sommes obligés de squatter plusieurs locaux dans le village.

1983, le temps passe et Vivianne, malgré l’aide de nombreux bénévoles, n’arrive plus à assumer la charge de travail. En janvier, elle engage à plein temps Pascal Freléchoux. Dix mois plus tard, elle quitte Boncourt pour Grandfontaine afin de seconder son mari agriculteur. Elle reste tout de même responsable d’Emmaüs et continuera de s’occuper des demandes sociales et de la comptabilité de l’association.

1984, étant difficile de faire des ramassages seul ou de trouver des bénévoles disponibles au bon moment, Vivianne engage Jean-Louis Jolivet pour seconder Pascal.

1985, un comité est formé pour présider à la vie du mouvement et une commission sociale est mise en place pour étudier les demandes d’aide venues de familles en détresse ou de services sociaux de part et d’autre de la frontière.

1986, l’opportunité d’acquérir un bâtiment plus grand et beaucoup plus fonctionnel se présente. Nous saisissons l’occasion, d’autant plus que nous avons un acheteur pour notre maison de la route de France. Nous déménageons au chemin du Crêt-des-Pierres 11. Un hangar à plein pieds, 4 murs, un toit et beaucoup de place aux alentours pour le parcage des véhicules. Tout était à faire, les agencements, l’éclairage, l’isolation, le chauffage. Le déménagement s’est effectué sur plusieurs semaines, sans jamais supprimer un jour de vente. Nous disposons alors de 500 m2 de surface de vente.

1988, nous construisons une annexe de 60 m2 au sol pour stocker le papier ramassé au village. Nous obtenons Fr. 60.- par tonne. Cette année-là, le chiffre d’affaire global d’Emmaüs-Jura se monte à Fr. 224’279.- soit trois fois plus qu’en 1982.

1989, Jean-Louis quitte Emmaüs et le comité nomme Christian Klaus pour le remplacer. La même année, nous construisons un étage intermédiaire, ce qui nous permet de doubler notre surface de vente. Très vite, il faut se rendre à l’évidence que deux personnes ne suffisent plus pour faire tout le travail demandé.

1991, le comité embauche une troisième personne à plein temps, ce sera Stéphane Pernot. Cette même année, nous goudronnons la place devant le bâtiment.

1992, Pascal est nommé responsable d’Emmaüs-Jura. Cette année-là, nous envoyons notre premier conteneur au Bénin. Son contenu composé de lits et de matériel de soin nous a été donné par l’armée et sera réceptionné par la Procure des Missions de Cotonou. Nous expédions également en Albanie un wagon d’aliments de survie donnés par la protection civile. Le chargement effectué en gare de Boncourt est complété par un lot de vêtements et de chaussures. Cette marchandise est distribuée par la Croix Rouge albanaise aux prisonniers politiques.

1993, construction sur le terrain acheté au PTT et ouverture d’une annexe qui fait passer notre surface de vente de 1000 m2 à 1470 m2.

1994, sur invitation de Véronique Gnanih, responsable d’Emmaüs Tohoué au Bénin, Pascal passe trois semaines dans la Communauté pour définir leurs besoins et leurs attentes. Ce voyage sera le prélude d’un partenariat entre Emmaüs-Jura et Emmaüs Tohoué.

1995, construction de l’avant-toit devant le bâtiment principal. Envoi du premier conteneur à la communauté de Tohoué et qui sera suivi cette année-là de quatre autres.

1996, visite de Pascal à la Communauté de Lublin en Pologne qui débouche sur un partenariat et l’envoi du premier camion-remorque de mobilier.

1999, chargement d’un camion-remorque de mobilier scolaire et de vêtements à destination du Kosovo, pour remeubler une école pillée pendant la guerre.

2001, Emmaüs-Jura décide de répartir ses envois de conteneurs. Dorénavant, un tournus sera fait entre deux Communautés au Bénin (Tohoué et Pahou) et une au Burkina Faso (Emmaüs Solidarité Ouaga).

2004, prolongement de l’annexe construite en 1993. Cette construction d’une surface de 230 m2 au sol et sur 2 étages sert de lieu de chargement et de déchargement, d’entreposage de marchandises destinées à l’Afrique ou à la Pologne et enfin, de garage pour notre véhicule.

2012, rénovation du premier local de vente, déplacement de la librairie, agrandissement de l’exposition de linge et vêtements, aménagement d’une petite boutique et remise à neuf de l’éclairage sur les deux étages.

2013, 50 ans se sont écoulés, 50 ans faits de travail, de partage, de solidarité, de joie, de tristesse. Des dizaines de bénévoles ont fait un bout de chemin à Emmaüs pour soutenir les permanents dans leur travail. Certains ne sont restés que quelques semaines, d’autres sont là depuis plus de 30 ans. Sans le bénévolat, Emmaüs-Jura n’aurait pas pu se développer. C’est en grande partie grâce à vous toutes et tous que nous pouvons, cette année, fêter cet anniversaire.

Votre travail, quel qu’il soit, a permis à Emmaüs-Jura de répondre à l’appel de l’abbé Pierre : « Sers premier le plus souffrant ». Notre solidarité et notre partage s’est fait en Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique latine, sous la forme de soutien à d’autres groupes Emmaüs ou à des associations luttant contre la pauvreté, la maladie ou l’illettrisme et bien sûr, par l’intermédiaire de notre Commission Sociale, des dizaines de familles jurassiennes et frontalières ont bénéficié d’un soutien financier ou matériel.

En 20 ans, nous avons expédié une soixantaine de conteneurs au Bénin et au Burkina Faso et envoyé plus de septante camions dans les pays de l’Est, principalement en Pologne, mais aussi en Roumanie, au Kosovo, en Bosnie et en Albanie.

Soyez toutes et tous chaleureusement remerciés pour votre engagement à Emmaüs, au service des plus pauvres.